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Interview de Janine le Calvez
par Priartem
Par Developpementdurable.com

Janine le Calvez

Antennes relais, ondes électromagnétiques… l’univers de la téléphonie mobile fascine autant qu’il effraie. Faute de recul suffisant, nous ne disposons pas encore de preuves irréfutables concernant les risques sanitaires induits par les taux d’émission des antennes relais. Or, comme le souligne le dernier rapport de l’Afsset, des signaux clairs sont établis. La précaution est de rigueur. Pour enfourcher le cheval de bataille de la téléphonie mobile, certaines associations ne désarçonnent pas. Tel est le cas de Priartém, l’association pour une réglementation des antennes relais. Sa présidente, Janine le Calvez nous explique le bien-fondé de son action…

- Developpementdurable.com : Votre association a vu le jour en l’an 2000. Sur quel constat ?

- Janine le Calvez : Tout a commencé en juillet 1999 avec l’affaire du pylône de l’Ile aux Moines. Gabriel Yared, compositeur renommé, a vu pousser à 3,5 mètres de sa propriété un pylône de 18 mètres de haut. Comme il venait d’obtenir un Oscar, la médiatisation autour de cette affaire ne s’est pas fait attendre. Fortes de ce témoignage, d’autres personnes ayant subi les mêmes atteintes l’ont ensuite contacté. Les uns et les autres s’étaient renseignés auprès des mairies pour identifier les recours possibles. A ce moment-là, les opérateurs, forts de leur bon droit, refusaient de modifier l’emplacement de leurs installations.

Nous nous sommes rapidement rendu compte que seule une loi pouvait nous protéger. Surtout que les informations que nous avions trouvées sur Internet n’étaient pas faites pour nous rassurer quant aux effets sanitaires éventuels. Mais il faut avouer qu’à l’époque, nous avions vraiment cru qu’il s’agissait d’une erreur. Hélas, ce n’en était pas une !

- dd.com : Combien votre association compte-t-elle d’adhérents ?

Janine le Calvez : Il est très difficile de répondre à cette question-là. Nous avons des adhérents particuliers, des collectifs, des associations et des communes. La notion du nombre est donc toujours difficile à évaluer. Mais disons que nous avons environ 1 000 adhérents, toutes natures confondues.

- dd.com : Quelles raisons poussent ces personnes à prendre contact avec vous ?

- Janine le Calvez : Essentiellement lorsqu’ils sont confrontés à un problème de téléphonie mobile, la préoccupation principale étant sanitaire. Ils veulent savoir si le projet prévu peut poser un problème à l’avenir, ils nous sollicitent pour connaître l’état des connaissances scientifiques, les recours et nous demandent de l’aide.

- dd.com : A ce propos, comment procédez-vous pour les aider ?

-  Janine le Calvez : Nous leur fournissons les informations dont nous disposons. L’objectif premier de l’association, c’est bien de collecter l’information scientifique, qu’il s’agisse du résultat des études ou des expertises pour ensuite les analyser, les rendre plus digestes et les mettre en regard. Ensuite, nous leur proposons des modèles d’actions qui ont fonctionné, les expériences des uns servant de modèles aux autres. Il peut s’agir de lettres types, des supports types de pétitions et lorsqu’ils nous le demandent, nous participons à un certain nombre de réunions publiques.

- dd.com : La synthèse du rapport de 500 pages de l’Afsset, rendu en octobre dernier, énonce que les études scientifiques n’indiquent pas d’effets, ni à court terme, ni à long terme mais concède le principe de précaution. Ces annonces vous satisfont-elles ?

- Janine le Calvez : Attention, l’avis de l’Afsset ne dit pas qu’il n’y a pas de problèmes. Il énonce au contraire qu’on sait que les ondes électromagnétiques peuvent avoir des effets sur nos organismes. Les preuves ne sont pas établies qu’il s’agit bien d’effets sanitaires (il faudrait pour cela que des étuides in-vitro, in-vivo et épidémiologiques soient menées) mais des signaux indéniables sont donnés. Comme nous n’avons pas le recul suffisant, il faut tenir compte de ces signaux et prendre des mesures immédiates. L’Afsset propose, entre autres, la réduction des valeurs d’exposition. C’est exactement ce que NOUS, nous demandons.

Le problème avec ce rapport, c’est que le message a été totalement brouillé. Alors qu’un embargo était posé sur le rapport jusqu’à la conférence de presse de l’Afsset, le Figaro a publié le matin même un article qui énonçait exactement le contraire des conclusions du rapport en annonçant en Une « un rapport rassurant ». Or, c’est bien la première fois que l’agence d’expertise s’exprime de cette manière. Maintenant, il faut agir. On ne peut pas attendre 15 ou 20 ans, que les effets sanitaires soient avérés, pour agir.

L’agence d’expertise, qui est la mieux placée pour donner un avis au ministre, a pris ses responsabilités, en rupture avec le discours qui avait prévalu jusqu’alors. De ce point de vue, je pense que c’est un élément extrêmement fort à prendre en compte, et par le gouvernement et par les magistrats lorsqu’ils sont soumis à ce genre de problèmes.

Lors de l’examen du projet de loi Grenelle 2, une sénatrice de l’Allier avait proposé l’introduction du principe Alara (« As low as reasonably achievable », aussi bas que possible, ndlr) dans le cadre de la gestion du risque émergent de la téléphonie mobile. Le gouvernement et les sénateurs s’y étaient opposés, dans l’attente du rapport de l’Afsset. Si maintenant, un député re-propose l’introduction de ce principe, je ne sais pas si le gouvernement pourra aussi facilement l’écarter. Le débat risque d’petre fort intéressant mais alors qu’il était prévu pour novembre, il a été repoussé en février, mars ou avril, on ne sait pas vraiment. Quand les textes gênent, ils sont reportés… Etrange !

-  dd.com : Vous avez été reçue hier matin à l’Afsset. Pour quelles raisons ?

- Janine le Calvez : C’est une première, l’Afsset organisait hier une réunion avec les associations intéressées par les questions d’environnement et de santé au travail et les organisations syndicales. A ce propos, nous nous sommes toujours beaucoup battus contre les commissions d’expertise jusqu’alors, et nous continuons à le faire pour améliorer le processus mais nous demandions notamment beaucoup plus de transparence. La première manifestation de cette transparence a été de nous proposer un observateur au sein du groupe d’experts. Daniel Oberhausen, membre de Priatrém, représentait à la fois Priartém et Agir pour l’environnement au sein de ce groupe.

Cette marque de transparence est extrêmement importante parce qu’on le veuille ou non, le fait qu’il y ait un observateur associatif extérieur modifie forcément les conditions dans lesquelles se déroule le débat. Au niveau du fonctionnement même du groupe d’experts, ce fut très important et ce n’est pas par hasard s’il y a eu justement rupture avec les opinions énoncées jusqu’alors sur ce sujet. Je considérais que la réunion proposée hier était à nouveau une ouverture vers plus de transparence et qu’il était important que nous puissions y aller.

- dd.com : Quand les villes tests vont-elles commencer les expérimentations d’émissions à 0,6 V/m ?

- Janine le Calvez : Je n’en ai pas la moindre idée ! Ce que je peux vous dire, c’est que la réunion de sélection des cinq villes « cobayes » se tiendra le 26 novembre prochain. J’avoue que je suis très curieuse ! Sur les 281 villes en lice, seules cinq vont être sélectionnées. Il y aura un lot de compensations, comme j’ai l’habitude de dire, pour vingt autres communes choisies pour l’expérimentation de la concertation. Ce qui ne coûtera pas cher et permettra à l’Etat de sélectionner 25 villes, c’est toujours mieux que cinq ! Or, si vous croisez tous les indicateurs qu’il faudrait prendre en compte pour avoir une représentativité correcte, je pense que le nombre de villes choisies serait bien supérieur. Quels facteurs vont être privilégiés ? Je n’en ai pas la moindre idée !

- dd.com : Que répondez-vous aux opérateurs qui estiment qu’abaisser les seuils d’exposition reviendrait à implanter deux à trois fois plus d’antennes relais ?

-  Janine le Calvez : Ou les mesures sont honnêtes et bien faites, et dans ce cas, il faut revoir à peu près 20 % des sites par rapport à notre exigence, ce qui ne devrait pas coûter une somme considérable. Ou bien les mesures ne sont pas totalement correctes et les opérateurs pensaient augmenter sensiblement les valeurs de champ. Je pense qu’on ne peut pas partir du principe qu’il faudrait multiplier les antennes, la question mérite d’être étudiée.

Il faut savoir aussi de quel type de téléphonie mobile nous avons besoin. Et là, il y a un gros problème. Dans les réunions publiques, les opérateurs affirment qu’ils ont une obligation légale de couverture « indoor », c’est-à-dire dans le bâtiment. Or, les textes prévoient bien une seule couverture « outdoor ». Or, il paraît que les opérateurs ont aussi une obligation de qualité de service « indoor ». Mais il faut revoir également les méthodes de travail. Si l’on considère que l’on n’est pas obligés d’avoir la téléphonie mobile dans l’ascenseur ou au sous-sol du parking, si l’on rappelle aux gens que les lignes filaires sont faites pour l’intérieur, peut-être pourra-t-on travailler différemment !

- dd.com : Avez-vous été satisfaite de l’interdiction de l’utilisation du téléphone portable de la maternelle au collège ?

- Janine le Calvez : Cela devrait être une question de bon sens, on ne devrait pas être obligés d’inscrire ce principe dans une loi. Mais ce qui est intéressant en revanche, c’est que les sénateurs ont pris la peine d’avancer non pas des motifs éducatifs mais bien des motifs sanitaires.

En revanche, ce qui, pour l’instant, est inscrit dans l’article 72 du projet de loi Grenelle est très insuffisant : sur les antennes-relais, il n’y a rien et sur les portables, c’est nettement insuffisant. Nous demandions en effet l’interdiction des portables destinés aux enfants (jusqu’à 14 ans) et le texte ne le prévoit que jusqu’à 6 ans. C’est dramatique, les opérateurs vont pouvoir cibler une population de plus en plus jeune. Or, plus une population est jeune, plus elle est sensible, moins elle est protégée contre les champs électromagnétiques. On sait pourtant que c’est l’exposition durable qui va poser de gros problèmes sanitaires.

- dd.com : Qu’est-ce que l’électrosensibilité ? Quels en sont les symptômes ?

- Janine le Calvez : Les problèmes à court terme sont souvent retenus sous le terme d’électrosensibilité : insomnies, grandes fatigues, maux de tête, vertiges, nausées… Nos adhérents sont nombreux à souffrir de tels troubles. Et, phénomène plus grave, certaines personnes ne supportent plus du tout les champs électromagnétiques, ce sont les électro-hypersensibles. Les pathologies lourdes à long terme sont foison : cancers, problèmes neurodégénératifs. Pour les cancers, les enquêtes épidémiologiques montrent qu’au-delà de 10 ans d’exposition, les risques de contracter des gliomes peuvent être multipliés par 2,5 ou 3. Concernant les problèmes neuro-dégénératifs, les enquêtes n’ont pas encore débuté, mais les troubles surviendront beaucoup plus tard. Quant aux études de cohorte, les résultats ne seront connus que dans 15 ans ! En attendant, nous devons prendre des mesures préventives.

Pour tout savoir des actions menées, consultez le site de Priartém

Propos recueillis par Albane WURTZ

 
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