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Points de vue d’experts : Roger Santini, commentaires du rapport de M. Zmirou au directeur de la Santé
par Priartem

Les téléphones mobiles, leurs stations de base et la santé Etat des connaissances et recommandations (rapport Zmirou : 16 janvier 2001)

Par Roger SANTINI Docteur ès sciences

Seuls quelques points seront examinés ci-après.


- 1. Page 14, il est dit que "La pression du public et des médias se focalise sur les antennes des stations relais alors que le champ reçu est beaucoup plus faible que lors d’une conversation avec l’aide d’un téléphone mobile". La notion "le champ reçu" n’est pas compréhensible. De quel champ parle-t-on ? Est-ce un champ électrique, magnétique ou électrique et magnétique ? Il conviendrait également de préciser si l’on parle d’une exposition en champ proche ou en champ lointain car, selon le cas considéré, "le champ reçu" est différent. Le public et les médias ont raison de s’inquiéter. En effet, l’exposition à un téléphone mobile est courte (exposition aiguë en champ proche) alors que l’exposition des populations aux antennes est une exposition chronique (jour et nuit) en champ lointain, avec des fluctuations nombreuses et imprévisibles des puissances générées par les antennes. Il n’est donc pas scientifique de comparer ainsi ces deux types d’exposition au seul critère du "champ reçu" si on ne fait pas intervenir également la durée de cette exposition.

- 2. Page 16, les auteurs veulent faire croire qu’il convient de distinguer les "effets biologiques" des "effets sanitaires". Qui peut dire de façon certaine, qu’un effet biologique même mineur, sera sans incidence sur la santé à plus ou moins long terme, surtout s’il s’exprime chez des sujets plus sensibles (jeunes enfants, malades, personnes âgées). Pourquoi les riverains de stations relais doivent-ils accepter de subir de tels "effets biologiques" ?

- 3. Page 18, il n’est pas normal de mettre en balance les "coûts des solutions qui s’offrent pour réduire les expositions de la population" et la santé, dans la mesure où les populations riveraines de stations relais sont exposées contre leur volonté à des micro-ondes pulsées en extrêmement basses fréquences. Cette notion d’intérêts commerciaux et de profits financiers apparaît également quelques lignes plus loin lorsqu’il est fait état des "normes de sécurité disparates qui ruineraient tout effort d’harmonisation internationale" et qui pourraient être une "entrave aux échanges commerciaux".

- 4. Les pages 31 à 34 rapportent les résultats de mesures du champ électrique ou de la densité de puissance au voisinage de stations relais et dans des écoles parisiennes. Les données présentées ont été fournies par des opérateurs. Pourquoi ne pas avoir choisi des organismes indépendants des lobbies pour effectuer ces mesures ?

- 5. Page 40, les auteurs du rapport jugent que le phénomène de réflexion et d’amplification des ondes est une "assertion sans fondement scientifique réel". Ce phénomène est pourtant explicitement mentionné dans un rapport scientifique officiel américain (1).

- 6. Page 80, des symptômes tels que "céphalées, échauffement, irritation cutanée..." sont qualifiés, par les auteurs, de "symptômes bénins mais perturbateurs de la qualité de la vie". De tels propos sont inconsidérés face à la détresse qui est exprimée par des riverains de stations relais dans leurs courriers. Certaines plaintes qui émanent de médecins, attestent de la gravité des maux dont ils souffrent.

- 7. Page 93, on trouve un commentaire sur une enquête que j’ai conduite auprès d’utilisateurs de téléphones mobiles cellulaires. Contrairement à ce qui est dit dans le rapport, les résultats obtenus ne sont pas "essentiellement négatifs". Ils confirment ceux de Mild et coll. (2) pour les symptômes exprimés par les utilisateurs de portables (sentiment d’inconfort, picotements et chaleur sur l’oreille) et pour l’importance des conditions d’utilisation (nombre et durée des communications). Mon enquête révèle des faits nouveaux, comme une plus grande sensibilité des femmes utilisatrices de portables et des plaintes plus nombreuses chez les utilisateurs de 1800 MégaHertz (MHz) par rapport aux utilisateurs de 900 MHz. Ces résultats ont été acceptés et publiés dans des revues scientifiques (3, 4, 5).

- 8. Page 119, il est fait état de mon courrier du 5 septembre 2000 à Monsieur D. ZMIROU. Cette lettre précisait les "raisons académiques" du refus à m’exprimer devant la commission. Ces raisons auraient dû figurer dans le rapport.

- 9. Page 184, l’effet "jet d’eau", dont parle le rapport, n’existe pas au regard des résultats de mon enquête sur la santé des riverains de stations relais. J’observe que pour toutes les distances et jusqu’à 300 m des stations relais, les riverains expriment significativement plus de plaintes que les personnes situées au-delà de 300 m (résultats soumis à publication). Sur quelles références scientifiques se basent les auteurs du rapport pour recommander une distance de seulement 100 m entre une station de base et des "bâtiments sensibles" ?

- 10. Page 185, les auteurs du rapport préconisent de "dissimuler les antennes dans le paysage". Pensent-ils vraiment que les plaintes des riverains disparaîtront lorsque les antennes seront cachées ? Les rapporteurs ne retiennent pas "l’hypothèse que le voisinage des stations de base peut occasionner un risque pour la santé". C’est là, une affirmation totalement gratuite et non fondée scientifiquement, puisqu’il n’existe, à ce jour, aucune étude publiée sur la santé des riverains de stations relais.

- 11. Page 202, les auteurs du rapport demandent d’avoir recours aux "études sur l’animal". Comment les recherches en laboratoire vont-elles pouvoir reproduire les conditions d’exposition complexes des riverains de stations relais ? En plus des champs électromagnétiques générés par les antennes, les riverains sont exposés aux radiations non-ionisantes des émetteurs de radiotélévision, des lignes électriques, des transformateurs d’immeubles et de l’électroménager. Quel crédit auront les résultats obtenus sur l’animal, si cette complexité de l’environnement électromagnétique n’est pas prise en compte ?

- 12. Page 203, le rapport consacre une ligne au problème de la "synergie avec d’autres radiations". Cette notion fondamentale méritait d’être mieux développée. Des publications font état d’interactions entre les micro-ondes et d’autres types de radiations non ionisantes qui sont susceptibles de modifier les effets biologiques (6).

CONCLUSION. Le rapport de Monsieur D. ZMIROU et coll. est faussé dès le départ. En effet, les auteurs considèrent comme seuls valables les "niveaux de références" de la recommandation européenne du 12 juillet 1999 pour l’exposition des populations aux micro-ondes à savoir 41 Volts par mètre (V/m) pour le champ électrique en 900 MHz et 58 V/m pour le 1800 MHz. Ces valeurs qui ne prennent en compte que les effets thermiques à court terme des micro-ondes ne garantissent qu’une seule chose : il y a peu de chance d’être brûlé en utilisant un portable ou en étant riverain de stations relais.

La présence d’extrêmement basses fréquences (ELF) dans le signal micro-ondes généré par les stations relais et les portables n’est pas prise en considération dans ces "niveaux de références". Or les ELF ont également des effets biologiques graves chez l’enfant et l’adulte (7, 8).

On peut regretter l’absence de " niveaux de références " dans le cas d’une exposition à long terme, telle que celle subie par les riverains de stations relais. Il conviendrait alors que les rapporteurs se réfèrent aussi et surtout aux valeurs bien plus faibles appliquées pour leurs populations par d’autres Etats européens comme l’Italie et la Pologne (6 V/m), la Russie (4,3 V/m), le Luxembourg (3 V/m), l’Autriche (< à 1 V/m à Salzsbourg),..

Le rapport de Monsieur D. ZMIROU et coll. présente cependant un aspect positif dans l’énoncé de "recommandations en matière de santé publique". Depuis 1998, ces mesures de précaution sont décrites, pour la majorité d’entre elles, dans un livre référencé au Parlement européen de Bruxelles (9).

Les riverains de stations relais doivent savoir qu’il est possible de réduire leur niveau d’exposition aux champs électromagnétiques sans affecter la qualité des communications téléphoniques. Il suffirait de baisser les puissances d’émission des stations relais à une valeur inférieure à 1 V/m, mais cela conduirait à l’usure plus rapide des batteries des téléphones portables !

REFERENCES CITEES.

1. I.R.P.A. Guidelines. Guidelines on limits of exposure to radiofrequency electromagnetic fields in the frequency range from 100 KHz to 300 GHz. Health Physics. 1988. 54 : 115-23. 2. Mild K.H. et coll. Comparison of symptoms experienced by users of analogue and digital mobile phones. Arbetslisrapport. 1998. 23 : 1-47. 3. Santini R. et coll. Symptômes rapportés par des utilisateurs de téléphones mobiles (Lettre à l’Editeur). La Presse Médicale. 2000. 29 : 2097. 4. Santini R et coll. Symptômes rapportés par des utilisateurs de téléphones mobiles cellulaires. Pathol. Biol. 2001. 49 : 222-26. 5. Santini R et coll. Symptoms experienced by users of digital cellular phones : A study of a French engineering school. Electro-and Magnetobiology. 2001. (Sous presse). 6. Litovitz T.A. et coll. Bioeffects induced by exposure to microwave are mitigated by superposition of ELF noise. Bioelectromagnetics. 1997. 18 : 422-30. 7. Santini R. Pollutions électromagnétiques de notre environnement – Risques biologiques – Radioprotection. Film vidéo VHS. Durée 36 minutes. 1996. (Ce film est référencé au Service du Film Scientifique du Ministère de l’Education Nationale). 8. Santini R. Champs électriques et magnétiques de 50/60 Hertz : un réel risque cancérogène ? La Revue du Praticien. 2000. 14 : 633-36. 9. Santini R. Téléphones cellulaires. Danger ? Editions Marco Pietteur. Embourg (Belgique). 2000. 208 pages.

Mots-clés associés à cet article : Santé
 
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